Le syndicat demande des hausses de salaire de 6 % et, surtout, une réduction du temps de travail pour ceux qui le souhaitent.
En pleine négociation salariale, le syndicat IG Metall fait monter la pression sur l'industrie allemande avec des arrêts de travail dans plusieurs dizaines d'usines. Lundi, des milliers d'employés de Porsche, Valeo ou Audi ont posé les outils durant quelques heures, conformément à la tradition allemande. D'autres débrayages sont attendus mardi.
Le puissant syndicat revendique une augmentation des salaires de 6 % pour les 3,9 millions d'employés de la métallurgie. Mais surtout, il demande que ceux-ci puissent réduire pendant deux ans leur temps de travail hebdomadaire de 35 à 28 heures s'ils le souhaitent, avec une compensation partielle dans certains cas.
Les employeurs, qui proposent une hausse de salaire de 2 % et une flexibilité du temps de travail à la hausse, sont vent debout. « Nous manquons déjà de personnel pour être en mesure de traiter les commandes », a déclaré Rainer Dulger, président de Gesamtmetall.
Pour l'IG Metall, les conditions sont optimales. La Bundesbank table sur une croissance de 2,6 % en 2018 et sur une reprise de l'inflation à 1,7 %, qui sert de base aux négociations. Surtout, les entreprises cherchent désespérément de la main-d'oeuvre . Le chômage est à son plus bas niveau depuis la réunification.
Fin de la modération salariale ?
« Ces dernières années, la faible inflation avait limité les revalorisations salariales, déclare Felix Schröter, de l'institut Ifo. Mais compte tenu de la forte demande de personnel des entreprises et des nouvelles prévisions d'inflation, nous tablons sur une certaine pression à la hausse ».
L'institut prévoit en effet une augmentation des salaires de 3,4 % cette année et de 3,5 % l'année prochaine - tous secteurs confondus. Un tel niveau, qui n'a jamais été observé depuis 2011 (+3,4 %) ou 1993 (+4,3 %) signerait la fin de la modération salariale en Allemagne, reconnaît le spécialiste.
Dans la métallurgie, le troisième round des négociations débute ce jeudi dans le Bade-Wurtemberg. Faute d'avancée, le syndicat envisage d'utiliser sa nouvelle arme : des grèves de 24 heures dans des usines ciblées.
Déjà, certains se préparent à un mouvement social comparable à celui de quatre semaines en 2003, qui s'était conclu par un échec pour le syndicat, ou à celui de sept semaines en 1984, qui avait débouché sur la semaine de 35 heures. Pour l'instant, toutefois, les débrayages s'inscrivent dans le folklore habituel.
Au-delà de la problématique salariale, la question est de savoir comment le sujet du temps de travail sera traité. Fin 2016, la compagnie ferroviaire Deutsche Bahn avait conclu un accord qui fait office de modèle : les salariés pouvaient choisir entre une hausse de salaire de 2,6 %, 6 jours de vacances en plus par an ou une réduction du temps de travail hebdomadaire de 38 à 37 heures. Plus de 60 % avaient choisi la deuxième option.